Amanita phalloides (Vaillant : Fries) Link

 

 

Nom français : Amanite phalloïde, Oronge ciguë verte, Oronge verte.

Autre nomenclature : Amanita viridis Persoon.

Classification : ordre des Amanitales, famille des Amanitaceae, genre Amanita (Pers. :Fr.), sous genre Amanita Gilbert, section Phalloideae (Fries) Quélet.

Chapeau : de 5 à 15 cm de diamètre en moyenne, il est charnu, ovoïde au sortir de l’œuf et devient progressivement convexe à campanulé et rapidement étalé à maturité, avec une marge lisse, unie et fine. Le revêtement piléique est facilement séparable, viscidule par temps humide et luisant par temps sec. Il est coloré d’un vert jaunâtre olivacé non uniforme et très variable, parfois pâle ou plus bronzé et souvent radialement vergeté de fibres innées. Les différentes teintes retrouvées sur le chapeau ont tendance à pâlir au niveau de la marge ou après la pluie.
La cuticule est lisse, sans aucun résidu du voile général.

Lames : elles sont libres, inégales, nombreuses, épaisses, moelleuses, à lamellules tronquées, ventrues, assez serrées et blanches à reflets verdâtres.

Stipe : de 5 à 20 cm de haut pour un diamètre compris entre 1 et 3 cm, il est élancé, cylindro-clavé, à base bulbeuse arrondie et initialement plein puis semi creux.
De couleur blanchâtre, il est chiné de gris olivâtre.

Anneau : il est membraneux, persistant, fragile, rapidement lacéré, juponnant à maturité, strié sur la face supérieure et de couleur blanchâtre à reflets verdâtres.

Volve : elle est membraneuse, en sac, ample, moelleuse, persistante, blanche et parfois teintée de vert pâle sur sa face interne.

Chair : de couleur blanche ou glauque à jaune verdâtre sous la cuticule, elle est épaisse et tendre. Elle exhale une odeur initialement subnulle puis légèrement vireuse de rose fanée, s’accentuant avec l’âge et la dessication. Saveur douceâtre.

Biotope : Amanita phalloides est une espèce très courante d’Europe et d’Afrique du nord poussant solitairement ou en groupe de plusieurs exemplaires, préférentiellement sous feuillus et sur terrains acides, humides et riches en humus.
Associée le plus souvent aux chênes, elle croît également sous hêtres, bouleaux, châtaigniers, noisetiers, charmes et moins fréquemment sous certains conifères comme les pins et épicéas.
Espèce plutôt automnale, elle apparaît après une période pluvieuse de juillet à novembre.
 
Comestibilité : l’Amanite phalloïde est une espèce MORTELLE à rejeter.

Toxicité : l’ingestion d’Amanita phalloides, à l’instar de ses consoeurs Amanita verna et virosa avec lesquelles elle partage trois caractères macroscopiques communs, à savoir des lames rayonnantes blanches sous le chapeau, un anneau sur le pied et une volve en sac , est responsable d’une intoxication à l’issue fatale nommée syndrome phalloïdien.
95 à 98 % des intoxications mortelles par consommation de champignons lui sont imputables.

Six à douze heures après l’ingestion, les premiers symptômes apparaissent : gêne respiratoire, vertiges, malaises. Puis surviennent de violents et douloureux vomissements avec diarrhées fétides et déshydratation intense.
Au troisième jour après le repas funeste, une phase de rémission trompeuse a lieu, mais de courte durée car l’intoxiqué rechute rapidement avec une atteinte hépatique et rénale fatale au-delà du sixième jour…
La consommation de l’Oronge verte nécessite donc une hospitalisation en urgence.
Pour plus d’informations sur cette intoxication, rendez vous au descriptif du syndrome phalloidien.

Confusions : L’Amanite phalloïde offre sur son chapeau une infinie variété de couleurs. La cuticule qui le recouvre peut être vert olive ou jaune vert, mais aussi parfois tout vert ou tout jaune, ou même quelquefois tout blanc. De même, le dessus du chapeau possède souvent des fibrilles rayonnantes brunes. Ainsi, suivant la répartition des pigments et l’importance des stries piléiques, le chapeau peut offrir aux regards une coloration olivâtre plus ou moins foncée tirant parfois jusqu’au brunâtre.Une palette de couleurs aussi riches et variées n’est pas sans danger pour le néophyte qui voit ainsi se multiplier les risques de confusion. À ces problèmes de coloration, vient s’ajouter le problème de la reconnaissance des exemplaires naissant. Dès le début de leur existence, les très jeunes amanites sont enveloppées dans une  membrane protectrice appelée « voile général » et ressemblent alors à un petit œuf tout blanc, cachant ainsi les signes extérieurs de leurs futurs caractères. À ce stade, seule une coupe longitudinale pourra révéler aux yeux attentifs tout ce que le voile général cache à savoir : la couleur du revêtement piléique souvent délavée, le futur anneau, invisible parce que collé aux lames invisibles elles aussi…
Au cours du développement, les caractères d’identification détaillés ci-dessus apparaîtront les uns après les autres, révélant une Amanite phalloïde adulte dans toute sa dangereuse splendeur.

Confusions à l’état d’œuf :

À l’état d’œuf non encore développé, la phalloïde peut ressembler aux jeunes Lycoperdons et surtout aux très jeunes sujets d’Agaric sylvicole.

L’Agaric sylvicole, dans son jeune âge, est pourvu d’un chapeau blanchâtre très globuleux au début. Ses lames sont initialement non visibles puis blanchâtres, roses et enfin brunes. Un anneau double est présent et sa chair, blanche ou légèrement rosée, dégage une odeur anisée.

Le Lycoperdon perlé ou Vesse de loup perlée se présente sous la forme d’un réceptacle globuleux, blanc, monté sur une base courte et couvert de verrues fragiles. Il ne présente ni lames, ni volve, ni pied différencié.

Confusions avec la forme blanche de l’Amanite phalloïde à maturité :

Deux espèces assez recherchées peuvent  prêter à confusion : L’Agaric sylvicole et la Lépiote pudique. Après s’être assuré que le champignon récolté soit entier et qu’aucun élément ne soit resté dans le sol, le caractère le plus important à vérifier est l’absence de volve.

L’Agaric sylvicole adulte possède des lames blanchâtres au début, puis roses et enfin brunes, un anneau double et blanc et enfin une chair blanche ou légèrement rosée à odeur anisée. Pas de volve.

La Lépiote pudique possède un chapeau blanc, puis gris clair. Les lames sont minces et serrées, blanches ou ivoire et parfois teintées de rose à la fin. Le stipe est cylindrique, blanc, renflé, teinté d’ocre à la base et orné d’un anneau blanc, mince et fragile. Pas de volve.

Confusions avec l’Amanite phalloïde à chapeau à dominante verte :

C’est la forme la plus commune rencontrée sur l’ensemble du territoire français. Deux russules paraissent susceptibles d’engendrer une éventuelle confusion : la Russule verdoyante et la Russule vert-de-gris. La littérature mycologique a souvent citée des intoxications constatées chez des travailleurs étrangers habitués à récolter ce type de russules dans leur pays d’origine où la Phalloïde est absente.

La Russule verdoyante est pourvue d’un chapeau vert irrégulier, bosselé, à surface sèche, craquelée et formant des plaquettes farineuses comme du « moisi ». Les lames sont blanches à reflets rosés, la chair grenue et cassante.

La Russule vert-de-gris, à chapeau vert jaunâtre à vert-de-gris, a les lames ivoire puis crème ocre avec des reflets jaune orangé. Son pied blanc a tendance à jaunir.

Confusions avec l’Amanite phalloïde à chapeau à dominante grise :

Une fois encore, deux espèces de champignons comestibles paraissent susceptibles d’entraîner une confusion avec l’amanite mortelle : le Tricholome prétentieux et l’Amanite à étui grise.

Le Tricholome prétentieux est un champignon à chapeau mamelonné gris plus ou moins foncé et rehaussé de stries rayonnantes d’un beau noir violacé. Ses lames sont blanches, teintées de jaune ou de verdâtre ; son pied est blanc, teinté de jaune ou de verdâtre et fibrilleux ; sa chair est blanche ou jaunâtre. Pas d’anneau, ni de volve. Espèce très appréciée et abondamment récoltée, le Tricholome prétentieux est de stature plus trapue que l’Oronge ciguë verte.

La Grisette ou Amanite à étui grise, plus élancée que l’Amanite phalloïde, possède un chapeau gris mamelonné  à marge striée. Ses lames sont blanches ; son stipe élancé, creux et fragile ; sa chair mince et fragile. Dépourvue d’anneau, elle possède néanmoins une volve très engainante.

Confusions avec l’Amanite phalloïde à chapeau à dominante jaune :

Longtemps confondue avec l’Amanite phalloïde, et de ce fait considérée à tort comme vénéneuse, l’Amanite citrine se distingue relativement aisément à son chapeau jaune citrin généralement orné de plaques vélaires floconneuses plus ou moins étendues, initialement blanchâtres puis brunâtres avec l’âge, son bulbe hémisphérique et volumineux nettement marginé, son anneau jaunâtre et surtout sa chair exhalant une forte odeur de rave.

Amanita gemmata se distingue d’Amanita phalloides par sa marge piléique striée et sa volve, qui même si elle peut présenter des aspects divers selon les exemplaires et variétés, n’est jamais libre et en sac.

À la suite de plusieurs séries d’intoxications parfois mortelles survenues tant en France qu’en Pologne, le Tricholome équestre et le Tricholome doré, champignons autrefois considérés comme comestibles et potentiels faux amis de l’Amanite phalloïde à tons jaunes prédominant, sont aujourd’hui à rejeter. Le décret du 19 septembre 2005 interdit d’ailleurs pour ces deux espèces et leurs différentes formes et variétés toute importation, exportation, détention en vue de vente, distribution à titre gratuit et vente.

Galerie photos

 

Variétés et formes : Parmi cette variabilité chromatique, la forme blanche, Amanita phalloides fo. alba (Viitadini ex Gilbert) Vesely = Oronge ciguë blanche, semble être considérée par de nombreux auteurs comme la seule variété valide de l’Amanite phalloïde en opposition aux nombreuses variétés traitées dans la littérature mycologique (citrina, viridis, virescens, ochroleuca, etc…). De toxicité identique au type, elle s’en distingue par son chapeau d’un blanc candide, dénué de nuance ocracée ou verdâtre. Elle garde cependant des reflets verdâtres à l’intérieur de la volve.

 

 
 

 

 

 

FACULTE DE PHARMACIE DE LYON
Laboratoire de mycologie

Professeur Patrick Boiron

 

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